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VOYAGES.

En 1549, un négociant de Londres, nommé Hoare, alla s’y établir avec un grand nombre d’aventuriers anglais. Ils y furent exposés dans les premiers temps à toute espèce de privations, mais ils finirent par y prospérer.

D’accord avec l’Angleterre, la France envoyait déjà en 1634 des pêcheurs à Terre-Neuve, et du temps de la reine Anne, ces pêcheries avaient tellement augmenté ses richesses et ses forces navales, qu’elle était devenue formidable à toute l’Europe. « C’est à ces expéditions lointaines, dit un Anglais, que la France doit le développement de ses forces sur mer ; on peut s’en convaincre en jetant un coup-d’œil sur l’état de sa marine avant qu’elle envoyât des bâtimens à Terre-Neuve. Elle n’en avait alors qu’un petit nombre, de tonnages et de forces médiocres ; mais depuis, elle a combattu les forces combinées de la Hollande et de l’Angleterre, et elle a armé de grands corsaires qui ont infesté nos côtes et ruiné nos négocians. »

À la fin du xviie siècle, la France employait dans ce commerce près de cinq cents bâtimens, dont un grand nombre étaient d’un fort tonnage et portaient de 16 à 40 canons, pour lesquels il fallait près de seize mille hommes. — « Les Français, dit toujours l’auteur anglais, par leur frugalité, par le prix du sel qu’ils avaient à meilleur marché que nous, possédant les endroits les plus commodes pour pêcher, nous ont complètement battus dans ce commerce. La partie du sud-ouest où ils s’établissent, et particulièrement