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VOYAGES.

tité de gibier qui s’y trouve, et chaque année le commandant ne manque pas d’y envoyer chasser…

Nos provisions et ustensiles furent débarqués sur les rochers ; nous déjeunâmes, et je tuai un loup marin qui sortit de l’eau à quelques pas de nous. Chacun prit le fardeau qui lui était échu en partage, et on commença à gravir. C’était une entreprise difficile : à chaque instant, on se trouvait au pied de hauts rochers perpendiculaires, qu’on ne savait de quel côté prendre ; mais en s’aidant mutuellement, se poussant, se faisant la courte échelle, on finissait par réussir. Quelquefois nous trouvions des mousses perfides, présentant l’aspect de la plus grande solidité, dans lesquelles nous enfoncions presque en entier ; d’autres fois c’étaient de petits sapins de deux pieds de haut, si fourrés, si forts, qui nous enlaçaient tellement, qu’il était très-difficile d’en sortir une fois qu’on y était. Nous trouvâmes sur une plate-forme deux immenses bois de caribous qui nous donnèrent bon espoir ; et, après avoir monté et erré pendant encore une heure, nous choisîmes, près d’un ruisseau coulant à travers des sapins, une assez jolie place pour construire notre cabane. Les chaloupiers repartirent, et nous ne restâmes que dix. Une cheminée fut bientôt élevée ; les haches abattirent le bois de construction et celui de chauffage ; on alluma du feu, on plaça la marmite dessus avec une morue dedans pour la soupe. La cabane avait vingt pieds de long, six de large et cinq de haut. Une lanterne était pendue au milieu pour la nuit ; la cambuse était dans un coin avec les provi-