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LE CANADA.

Malo, remonta ce fleuve (auquel il donna le nom qu’il porte) sur une distance de neuf cents milles, et s’arrêta à une immense cataracte, qui était probablement celle de Niagara. Cartier prit possession du territoire au nom du roi de France, forma des alliances avec les indigènes, bâtit un fort, et hiverna dans le pays, qu’il appela Nouvelle-France. Ses découvertes toutefois ne reçurent point la récompense qu’elles méritaient, car cinq ans après, ce navigateur se trouvait dans un tel état de dénuement, qu’il se vit réduit à accepter l’emploi de pilote à bord du navire qui conduisit le vice-roi Roberval au Canada. Ce dernier fit plusieurs voyages de France en Amérique, où il amena chaque fois de nouveaux colons ; mais, en 1551, il périt dans un naufrage. Cet événement fâcheux, joint à l’exaspération des naturels contre les Français, qui avaient enlevé de vive force leur chef Donnaconna pour le conduire en France, fut cause qu’ils cessèrent, pendant près de cinquante ans, toutes relations avec le Canada. En 1581, cependant, les indigènes, commençant à oublier leur injure, renouèrent amitié avec les Français. Dix ans après, les marins de Saint-Malo se livrèrent avec succès, dans le Saint-Laurent, à la pêche du cheval de mer (walrus), dont les dents étaient plus estimées que l’ivoire. L’importance de cette pêche et du commerce des fourrures décida le gouvernement français à entreprendre la conquête du Canada. Il y envoya à cet effet le marquis de La Roche, qui se contenta de croiser sur la côte de la Nouvelle-Écosse, et retourna en France. Le roi lui ôta sa patente pour la donner à Chauvin, officier de marine ; mais celui-ci étant mort peu après, elle fut transférée à de Chatte, gouverneur de Dieppe, qui ne lui survécut que peu de