Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Littérature.

POÈTES MODERNES.

I.
VICTOR HUGO.


Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte ;
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,
Et du premier Consul, trop gêné par le droit,
Le front de l’Empereur brisait le masque étroit.
Alors, dans Besançon, vieille ville espagnole,
Jeté comme la graine au gré de l’air qui vole,
Naquit d’un sang breton et lorrain à la fois
Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix ;
Si débile, qu’il fut, ainsi qu’une chimère,
Abandonné de tous, excepté de sa mère,
Et que son cou ployé comme un frêle roseau
Fit faire en même temps sa bière et son berceau.
Cet enfant que la vie effaçait de son livre,
Et qui n’avait pas même un lendemain à vivre,
C’est moi.