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LITTÉRATURE.

M. d’Aiglemont rentra dans sa chambre ; Julie l’accompagna pour fermer la porte de communication ; puis, elle s’élança pour délivrer lord Grenville, car elle avait retrouvé toute sa présence d’esprit ; et, pensant que la visite de son ancien docteur était fort naturelle, qu’elle pouvait l’avoir laissé au salon pour venir coucher sa fille, elle allait lui dire de s’y rendre sans bruit ; mais quand elle ouvrit la porte, elle jeta un cri perçant !… Les doigts de lord Grenville avaient été pris et écrasés par elle dans la porte.

— Eh bien ! qu’as-tu donc ?… lui cria son mari…

— Rien, rien… répondit-elle, je viens de me piquer le doigt avec une épingle.

La porte de communication se rouvrit, Julie eut à peine le temps de pousser celle du cabinet de toilette, lord Grenville n’avait pas encore pu dégager sa main, M. d’Aiglemont reparut.

— Peux-tu me prêter un foulard, ce drôle de Charles me laisse sans mouchoir de tête… Autrefois tu te mêlais de mon linge… maintenant je suis livré au bras séculier de ces gens-là, qui se moquent de moi.

— Tenez, voilà un foulard. Vous n’êtes pas allé au salon ?…

— Non !…

— Vous y auriez vu lord Grenville.

— Il est à Paris ?

— Apparemment !…

— Oh ! j’y vais, ce bon docteur…

— Il doit être parti… s’écria Julie.

Le marquis était en ce moment au milieu de la chambre de sa femme, et il se coiffait avec le foulard en se regardant avec complaisance dans la glace…

— Je ne sais pas où sont nos gens… dit-il. J’ai sonné Charles déjà trois fois, il n’est pas venu. Vous êtes donc sans votre femme de chambre… Sonnez-la, je voudrais avoir cette nuit une couverture de plus à mon lit.

— Pauline est sortie… répondit sèchement la marquise