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VOYAGES.

la lettre ch de la Chine. Les Mandchous nomment les Chinois Tsing-Jin, hommes de Tsing, ou sujets de la dynastie Tsing. Ils désignent quelquefois la Chine sous le nom de Abkai-Fejezghi, ce qui est sous le ciel, ou par amplification, le monde, ainsi que le faisaient les Romains de leur empire. Les Chinois donnent encore à leur pays le nom de Choung-Yâng, que le docte M. Klaproth traduit le vaste plateau du milieu. Il me semble que ces mots signifient : le véritable centre d’un lieu, et que dans ce sens on doit traduire le centre de la terre, de même qu’on doit entendre par les mots chung-kouô, qu’ils appliquent aussi à leur empire, la nation du milieu (dans le sens physique et non moral). J’ai cent fois entendu des Chinois lettrés se servir de ces deux expressions, et plusieurs d’entre eux qui ont voyagé aux Philippines et aux Moluques, m’ont donné en portugais, en espagnol, en anglais ou en malai[1], la traduction que je viens d’employer.

La nation chinoise est divisée en quatre classes : les lettrés, les laboureurs, les artisans et les marchands. On voit que les professions sont placées suivant leur utilité et l’estime dont elles jouissent. Ces classes n’ont aucun rapport avec l’abominable division de castes usitées chez les bons, mais faibles et malheureux Hindous.

On ne connaît point de noblesse héréditaire. Chacun est le fils de ses œuvres ; un Chinois, distingué par ses talens ou par ses vertus, annoblit ses ancêtres, et cette marche rétrograde nous paraît plus raisonnable que l’hérédité.

Les lettrés de première classe remplissent les premières charges, et forment en quelque sorte la noblesse viagère du pays : chacun avec du zèle peut aspirer à cet honneur.

Le monarque et les princes de la famille impériale jouissent seuls de l’hérédité, sauf les descendans du grand légis-

  1. Ce sont les quatre langues étrangères avec lesquelles un grand nombre de Chinois de Kouang, de Youn-Nan, Foukien et Kouang-Toung, sont le plus familiarisés.