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UNE COURSE DE TAUREAUX.

II.
Les Picadors.

La course continuait.

Un second taureau était entré dans l’arène, sans que je m’en fusse d’abord aperçu. C’était un puissant taureau andalous, aux cornes ouvertes et hautes.

Les chulos cherchaient à l’entraîner loin du picador Pinto, qu’il foulait aux pieds, après l’avoir renversé, lui et son cheval. Le cheval déjà ne remuait plus : il avait été tué d’un coup de corne au cœur.

Un des capeadors réussit à attirer vers lui le taureau, et à s’en faire poursuivre. On releva le picador ; il n’avait point été blessé ; il en était quitte pour quelques contusions, quelques écorchures, — ce n’était rien. — Il sortit de la place, et, au bout de quelques instans, reparut monté sur un nouveau cheval.

De vives acclamations saluèrent sa rentrée.

Cependant Sévilla, le second picador, venait d’être aussi démonté.

Son cheval, éventré d’abord, et renversé par le taureau, s’était relevé, et courait au grand galop autour de l’arène, traînant ses lambeaux d’entrailles dans la poussière, les foulant, les déchirant sous ses pieds, et en faisant jaillir les sanglans débris sur le peuple.

Comme il galopait ainsi, le taureau se trouva sur son passage, et, le recevant sur ses cornes baissées, l’envoya, à dix pas, tomber pour ne plus se relever.

La pauvre bête ! — C’était vraiment pitié au taureau de l’achever ainsi ! —

Il y avait déjà bien du sang dans l’arène ! À mesure qu’il