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Jean-Jacques Rousseau[1].

Sous Louis xiv, un prêtre de génie fut tourmenté du besoin de réformer la religion et l’État. Pendant que Bossuet travaillait à une espèce de monarchie théocratique, une âme ardente et pure, un esprit fin, délicat et grand, ambitieux et dévot, se dévouant à la gloire et à ce qu’il croyait la vérité, voulut retremper la religion aux sources mêmes du mysticisme des pères de l’église, et ramener la monarchie à la conscience de ses devoirs. Mais Bossuet réfuta les Maximes des Saints ; Louis xiv prit le Télémaque pour une personnalité. Pour ne pas ébranler l’église, Fénelon s’humilia devant la médiocrité qui siégeait au Vatican ; comme il avait déplu au roi, il mourut dans l’exil ; et le seul homme qui dans son siècle ait songé vaguement à des réformes courba la tête sous le double anathème de Rome et de Versailles.

Il est un homme qui pleurait au nom de Fénélon, et, dans son enthousiasme, se fût à peine estimé digne d’être son valet. Rousseau sentait tout ce qu’il y avait eu de hardiesse sublime dans l’homme que Louis xiv appelait l’esprit le plus chimérique de son royaume, tout ce que cette âme si religieuse et si tendre dut nourrir d’amertume et de douleur ;

  1. M. Lerminier a bien voulu nous communiquer encore ce fragment de sa Philosophie du Droit, qui paraîtra prochainement.