Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 4.djvu/452

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
436
VOYAGES.

les cheveux, les bras nus, dans la mise la plus légère.

De cinq à six heures, toutes les fenêtres des rues où la mode veut que l’on passe en allant au Paseo, sont garnies de femmes qui, je dois le dire, ont l’air peu modeste, mais qui n’en sont pas moins très-jolies. Le Paseo est la promenade, le Corso de la Havane ; il est à la porte de la ville : c’est une large allée, de quinze cents mètres de long, bordée de toute espèce d’arbres, avec deux autres allées latérales pour les piétons, et des bancs de pierre de distance en distance. Au milieu du Paseo est une fontaine, et à une des extrémités une statue de Charles iii. Les volantes y vont à la file, passent devant cette statue, traversent la Plaza de Toros, une partie des faubourgs, et reviennent au Paseo. La volante est ce qui m’a le plus frappé en arrivant à la Havane : la coupe de cette voiture est celle d’une chaise de poste ; elle est placée sur ressorts, et les roues sont très-hautes, mises ridiculement en arrière. Un rideau de drap, qui s’abaisse à volonté, et qu’on peut boutonner sur les côtés, ferme la volante comme une boîte. Ce rideau préserve du soleil, de la poussière ou de la boue. Au brancard est attelé un cheval ou un mulet monté par un nègre, qu’on appelle calessero. Le costume de ce calessero mérite d’être décrit : il se compose d’un chapeau de feutre avec un large galon d’or ou d’argent, une veste rouge, blanche ou verte, couverte également de galons et de petits boutons ; un pantalon blanc, et de hautes bottes de postillon, bien cirées, collant sur la jambe, s’élargissant beaucoup au-dessus du genou, s’arrêtant sur le cou-de-pied, et recouvertes de grosses boucles d’argent, avec de longs éperons, dans un lourd étrier d’argent, et au côté, sa machetta, ou sabre droit. Pour