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ÎLE DE CUBA.

reux que je passai auprès d’elle. Ma journée se partageait entre la chasse aux pintades, aux poules sauvages, aux perroquets, et la promenade. Le dimanche, nous allions à la messe à Altamisa, petit village à une lieue du caféier. On y voyait une grande quantité de jolies créoles, qui venaient des campagnes voisines, à cheval, ou dans leurs volantes, coiffées en cheveux avec leur long voile noir de dentelle, qui pend du haut du peigne jusqu’aux pieds. Elles s’asseoient au milieu de l’église, sur un petit tapis que vient y étaler le calessero ; mais en général elles n’ont pas l’air très-recueilli.

En levant les yeux au ciel, on aperçoit du caféier le sommet chenu du Monte-Pelado, célèbre dans le pays par le guao qu’il porte. Le guao est un arbre empoisonné qu’il est dangereux de rencontrer. Nous avions, depuis long-temps, formé le projet de gravir le Monte-Pelado ; nous partîmes un jour après déjeuner avec vingt ou vingt-cinq nègres, armés de fusils, de machettas et de couteaux. Nous étions à cheval ; mais au bout de vingt minutes de chemins escarpés, il fallut nous arrêter, et descendre un à un ; nous grimpâmes alors, à travers les cannes à sucre, jusqu’à un bois mystérieux, qu’on n’aborde pas sans frémir. C’est dans ce bois que se trouve le guao, le même arbre, je crois, que le mancenillier, ou du moins de la même famille. Le mancenillier donne la mort sans douleurs ; il ne produit qu’un engourdissement qui finit par la mort, tandis que le guao fait beaucoup souffrir. Il suffit, non-seulement de toucher cet arbre, mais encore de rester à son ombre pendant quelque temps, pour être attaqué de cent manières différentes, au visage, aux oreilles, aux mains, aux pieds, etc. Il se forme sur les parties attaquées des