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DE


LA HAINE LITTÉRAIRE.

C’est un grand malheur et que nous devons déplorer sérieusement qu’il n’ait pas vécu au temps de Labruyère ou de Lesage. Ç’aurait été un beau chapitre de plus pour les Caractères ou le Gil Blas. Mais aujourd’hui, au milieu de ce débordement de paroles sonores et vides qui se précipitent à flots pressés sur les moindres idées, et qui menacent de tout envahir, qui écrira ce chapitre ? Qui voudra et qui saura l’écrire ?

C’est un homme spirituel et rien de plus. Ce qui suffirait au bonheur et à la vanité d’un autre, fait le tourment de toute sa vie. Il n’a que de l’esprit, et il essaie vainement, par tous les moyens imaginables, de se persuader qu’il a du génie. Doué d’une adresse infinie, il a réussi à recruter quelques flatteurs complaisans que sa parole éblouit, et qui jouent près de lui le même rôle, à peu près, que le valet de chambre du nouveau dieu. Au lieu de lui dire tous les matins : « Souvenez-vous, M. le comte, que vous avez de grandes choses à faire, » ils lui répètent à satiété et à tous les instans de la journée : Ah ! si vous vouliez, vous auriez à vous seul plus de génie que tous ces gens-là. Ivanhoë a bien des longueurs,