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LITTÉRATURE.

distraction habituelle, Théodore s’y trouvait toujours comme égaré ; c’était tous les jours une nouvelle étude des lieux à faire, et il aurait eu moins de mal à dresser la carte détaillée d’un pays incessamment bouleversé par des tremblemens de terre.

III. — M. ET Mme STAARMATZ.

La propreté de Dorothée était une source intarissable de querelles entre M. Staarmatz et sa femme, qui habitaient, au premier étage, le principal corps de logis, dont nos deux enfans occupaient l’aile droite.

Tous les samedis, la petite sœur nettoyait à fond son appartement ; les croisées étaient ouvertes, — les chaises amoncelées, — les tapis pendaient sur le balcon, — et la jeune fille, au milieu de cet encombrement, la baguette en main, et dans un tourbillon de poussière, semblait à l’imagination poétique de M. Staarmatz un génie occupé à débrouiller le chaos.

Mais, lorsque, descendant de sa sphère idéale, il en venait à comparer ce ménage au sien : « Il est bien désolant, s’écriait-il, madame Staarmatz, que moi qui ne vous refuse rien pour tenir votre maison d’une manière décente, qui vous donne une servante qui me coûte par jour trois groschen, sans compter la nourriture et le blanchissage, j’en sois réduit à porter envie à ces deux pauvres enfans ! Voyez comme leur petit logement est propre ! et dire que je ne peux pas obtenir de vous, femme raisonnable, qui avez le double de l’âge de cette petite, les soins et l’ordre dont elle vous donne l’exemple ! »

— « Allons, allons, monsieur Staarmatz, répondait la femme, prenant à son tour l’offensive en tacticienne habile, afin d’éluder l’attaque ; ce n’est pas la propreté du logement de la petite Dorothée, ce sont ses belles couleurs qui attirent votre attention. »

Là-dessus, dispute interminable, qui se renouvelait ré-