Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 4.djvu/592

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
576
VOYAGES.

dans la vallée, et nous dominions de plus haut la plaine et la ville de Maroc, avec ses mosquées étincelantes au soleil levant. La pierre calcaire était la base de la route que nous suivions ; le sol était une argile pierreuse ; nous trouvions à chaque pas de l’agate, du silex, du porphyre, du grès, du gneiss, de la cornaline ; sur le front de la colline était une rangée de pierres calcaires à fissures verticales, semblables à des pierres tumulaires colossales, disposées de main d’homme. Les villages que nous traversions, tous perchés dans les sites les plus romantiques, sont habités par des montagnards appelés shelluhs, naturels de ces rochers. Après une montée de trois heures, comme les sentiers devenaient plus embarrassés et plus étroits, il fallut mettre pied à terre, et abandonner nos guides maures pour nous confier à des montagnards. Notre seul langage était de leur montrer les pics neigeux au-dessus de nos têtes. À mesure que nous avancions, la forêt d’oliviers, de cèdres, de noyers et de caroubiers s’épaississait de plus en plus, traversée par des vignes sauvages et du houblon. Le paysage devenait de plus en plus pittoresque : des rocs abruptes et stériles s’élevaient des deux côtés ; la vallée n’avait pas un quart de mille de largeur, et le torrent bouillonnait à cinq cents pieds au-dessous. Quelquefois le sentier de la montagne serpentait en glissant le long du précipice, tandis que devant nous les pics neigeux semblaient reculer à mesure que nous avancions.

« À midi, nous fîmes halte sur le sommet d’une roche conique schisteuse, très-décomposée à la surface : ses couches étaient dirigées est et ouest.

» Nos observations nous donnèrent, à midi, une latitude nord de 31° 25′ 30″, la première peut-être qu’on ait jamais prise dans l’Atlas. Nos baromètres indiquaient une élévation de quatre mille six cents pieds au-dessus du niveau de la mer.

» Pendant toutes ces opérations, les shelluhs nous entouraient, et regardaient avec étonnement nos personnes, nos vêtemens, et surtout nos boutons dorés. Ils examinaient en