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LES
Feuilles d’Automne.

Il est pour la critique de vrais triomphes ; c’est quand les poètes qu’elle a de bonne heure compris et célébrés, pour lesquels, se jetant dans la cohue, elle n’a pas craint d’encourir d’abord risées et injures, grandissent, se surpassent eux-mêmes, et tiennent au-delà des promesses magnifiques, qu’elle, critique avant-courière, osait jeter au public en leur nom. Car loin de nous de penser que le devoir et l’office de la critique consistent uniquement à venir après les grands artistes, à suivre leurs traces lumineuses, à recueillir, à ranger, à inventorier leur héritage, à orner leur monument de tout ce qui peut le faire valoir et l’éclairer. Cette critique-là sans doute a droit à nos respects ; elle est grave, savante, définitive ; elle explique, elle pénètre, elle fixe et consacre des admirations confuses, des beautés en partie voilées, des conceptions difficiles à atteindre, et aussi la lettre des textes quand il y a lieu. Aristarque pour les poèmes homériques, Tieck pour Shakspeare ont été, dans l’antiquité et de nos jours, des modèles de cette sagacité érudite appliquée de