Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 5.djvu/296

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
282
REVUE DES DEUX MONDES.

établissement anglais attira, en 1675, Antonio de Vea dans les îles Chiloé et Chonos ; et sept ans plus tard Narborough explora avec un grand soin la Patagonie, le détroit, et le Chili méridional. Les découvertes de La Roche à la même époque se réduisirent sans doute à celle de l’île Beauchesne et à la vue des îles Malouines et de la presque-île de San Josef. En 1683, le retour de plusieurs pirates donna naissance à l’expédition de l’amiral Degennes qui conduisit inutilement une escadre jusqu’au cap Forward. Vers 1685, le jésuite Nicolas Mascardi périt en pénétrant dans le pays de Poyas, entre celui des Araucanos et le détroit. Un projet des Français pour s’établir dans le détroit de Magellan eut pour seul résultat l’entreprise de Beauchesne, qui, en 1698, visita le Chili, les îles Gallapagos, et revint par le cap de Horn. Des cartes levées avec un soin extraordinaire par l’ingénieur de Labat, et des recherches d’histoire naturelle attachent ici, pour la première fois, un vernis scientifique à un voyage maritime, fait sous les auspices d’un gouvernement. Les récits de Beauchesne séduisirent un grand nombre de ses compatriotes, qui fréquentèrent la côte occidentale d’Amérique pendant la guerre de la succession, avec d’autant plus d’avantage, que l’envoi des flottes espagnoles était interrompu. Jusqu’à la paix d’Utrecht, le Pérou et le Chili furent visités par trois espèces de voyageurs, des Français commerçant, des flibustiers semant le ravage, et des savans tels que Frezier, Feuillée et Le Gentil, animés du zèle le plus louable pour le progrès des connaissances. La route du Cap était universellement préférée, ses tempêtes déterminèrent le seul capitaine Marcant à chercher une autre route avec sa faible tartane, et lui firent découvrir le canal de Santa-Barbara.

La paix d’Utrecht ralentit les expéditions ; la nouvelle guerre de 1740 attira l’amiral Anson dans le grand Océan, et ses peintures effrayantes du cap de Horn firent abandonner cette route pendant long-temps. En 1748, la côte de Patagonie fut examinée soigneusement par Olivarez et Quiroga, et sa stérilité les empêcha d’y fonder un établissement. Plus tard (1773), Falskener explora l’intérieur de cette contrée, dont les naturels excitèrent