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pitale, et quoique la révolution de 1821 ébranlât momentanément l’édifice social, et même forçât plusieurs hommes distingués dans les sciences et les lettres à quitter leur patrie, néanmoins le mouvement intellectuel ne fut suspendu qu’un instant. Maintenant l’académie et l’université de Turin renferment plusieurs hommes tels que les Plana, les Bidone, les Peyron, les Boucheron, etc., qui se sont acquis une réputation européenne, et forment un centre de lumière qui n’a pas son égal en Italie.

Plana, ancien élève de l’école polytechnique, puis professeur à l’école militaire d’Alexandrie, fut appelé enfin à Turin pour enseigner les mathématiques à l’université. Ses talens se développèrent rapidement, et il reçut du roi, Victor-Emmanuel, la commission de faire élever un nouvel observatoire astronomique dont il fut nommé directeur. En 1818, l’Institut de France, ayant proposé, pour grand prix de mathématiques, d’établir la théorie de la lune directement d’après le principe de la gravitation universelle, Plana s’associa avec M. Carlini, astronome de Milan, et leur mémoire remporta le prix, qu’ils partagèrent avec M. Damoiseau. Après ce succès, Plana et Carlini furent chargés par leurs gouvernemens respectifs d’une triangulation qui devait se lier aux travaux des astronomes français, et ils exécutèrent avec le plus grand zèle cette difficile et fatigante opération. Plana entreprit en même temps de déterminer la position des principales étoiles par rapport au nouvel observatoire de Turin, et en 1828 il publia le résultat de ses observations. Il avait déjà commencé à faire imprimer, à Milan, la Théorie de la Lune conjointement avec Carlini, lorsque des circonstances particulières amenèrent ces deux géomètres à se séparer pour travailler chacun de son côté. On vit alors Plana prendre une énergie nouvelle, refaire tous ses calculs et refondre entièrement son ouvrage. On est vraiment étonné qu’en moins de cinq ans, il ait pu suffire à la rédaction et à l’impression de trois gros volumes in-4o, formant presque deux mille quatre cents pages remplies de calculs d’une longueur excessive, dans lesquels il ne s’agissait pas, comme on a voulu le faire croire, de trouver des nombres plus