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Les résultats géographiques de leur voyage se trouvent résumés dans une carte peu étendue, du lieutenant de vaisseau Becher ; carte déjà connue par les publications anticipées des sociétés de géographie de Londres et de Paris. Elle n’est donnée par l’auteur que comme une simple esquisse, que des explorations nouvelles fourniront le moyen de rectifier. À ne point mentir, cette esquisse même est à corriger dès-à-présent en plusieurs points assez nombreux ; et tout en rendant au cartographe la justice qu’il mérite pour certaines améliorations de détail qu’il a apportées à l’ancien tracé de la carte de Clapperton, nous lui reprocherons d’avoir établi ses côtes sur des données fort arriérées et très-différentes de celles dont la science est redevable aux travaux de la marine anglaise, notamment aux observations du capitaine Purchass ; d’avoir construit son cours du Niger sans tenir compte de la variation magnétique jusqu’à Kerri, où la boussole fut perdue ; d’avoir négligé pareillement de corriger de la variation toute la route de Richard Lander entre Zegzeg et Dunrora ; d’avoir placé les villes de Jenna et de Tchotcho sans égard à leur position astronomiquement déterminée par Clapperton ; et mille autres imperfections dont il serait beaucoup trop long de donner ici le complet inventaire.

Si l’on réunit en un seul faisceau toutes les données partielles que la science a pu recueillir jusqu’à ce moment sur le cours si long-temps mystérieux du grand fleuve de l’Afrique intérieure occidentale, on le voit parcourir une étendue qui n’est pas moindre de huit cent cinquante lieues, recevant dans les pays qu’il traverse une foule de noms divers, dont la plupart sont appellatifs et désignent la Rivière ou la Grande-Rivière ; les plus répandus de ces noms sont ceux de Djaly-Bâ el de Kouârâ.

Laing a déterminé le gisement de la source principale par une latitude de 9° 25′ nord, et une longitude de 12° 5′ à l’ouest du méridien de Paris ; elle surgit au pied du mont Loma, sur les limites du Kouranko, du Kissi et du Sangara ; les informations des indigènes lui attribuent une direction vers le nord, puis vers l’est, ce qui s’accorde sans difficulté avec la position de la ville de Couroussa, où Caillié l’a traversé pour la première fois et l’a suivi pendant une quinzaine de milles ; puis le cours est inconnu jusqu’à Ramakou. Mais à partir de ce point jusqu’à Silla, deux petites journées au-dessus de Gény, Mungo-Park en a donné le relèvement ; et depuis Gény la navigation de Caillié fournit un tracé continu jusqu’à Ten-Boktoue. De là jusqu’à Yâoury, sur un espace de plus de trois cents lieues, le cours du fleuve est-il absolument inconnu ? C’est l’opinion commune ; mais nous la venons démentir en faisant remarquer que les positions approchées de Ghourouma et de Ghaou peuvent être déterminées par un réseau de triangles dont les itinéraires connus fournissent les élémens, et qui s’appuient sur la côte. Clapperton nous indique en outre un point à quatre journées au sud-ouest de Sackaloue, où s’opère la jonction du Kouârama au Niger. De Yâoury à l’Océan, la navigation des frères Lander termine la série de nos connaissances acquises sur le Niger.

En comparant l’esquisse de M. Becher aux plus récentes des cartes que nous