Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 6.djvu/443

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
437
AVENTURES D’UN VOYAGEUR.

dûmes de le conserver. Le bras était déjà noir jusqu’à l’épaule ; mais, par l’application de quelques caustiques, ces symptômes dangereux disparurent. La guérison fut complète. »

Arrivés près de la Wallah-Wallah, les voyageurs ne trouvant pas de chevaux pour leur entretien, firent l’acquisition de cent cinquante chiens. Ils apprirent des Indiens Wallah-Wallah que les parens de l’homme que M. Clarke avait fait pendre l’année précédente avaient juré de se venger, et ils durent prendre leurs précautions pour n’être pas attaqués à leur désavantage. Les hommes eurent ordre alors de ne pas se séparer, et on ajouta encore un stylet à leurs armes, qui consistaient en pistolets et fusils ; après quoi on se remit en route. L’établissement n’était pas éloigné, et M. Cox partit à cheval avec trois hommes. Les deux premiers jours se passèrent sans incident ; mais, le matin du troisième, il aperçut trois Indiens à un mille environ, qui venaient de la rivière Lewis.

« Ces Indiens, dit M. Cox, étaient à cheval, et lorsqu’ils nous aperçurent, ils s’arrêtèrent quelques instans pour nous compter. Nous leur fîmes signe d’approcher, mais ils affectèrent de ne pas nous comprendre, et après s’être bien assurés que nous n’étions que quatre, ils firent volte face et partirent au galop. Convaincus alors de leurs intentions hostiles, nous doublâmes le pas et nous les perdîmes de vue pendant trois heures ; mais nos chevaux étaient épuisés de fatigue ; il fallut nous arrêter pendant une demi-heure. Cette halte leur donna une nouvelle vigueur, et nous sauva probablement ; car, vers deux heures, nous vîmes au sud-ouest de grands nuages de poussière, qui, en se dissipant, nous découvrirent trente à quarante sauvages à cheval à notre poursuite. Notre cri fut : Sauve qui peut ! et comme les chevaux qui portaient notre bagage nous retardaient, nous les abandonnâmes et partîmes au triple galop. L’ennemi gagnait sur nous peu-à-peu ; mais je remarquai que la plus grande partie de la troupe était restée en arrière, et avait abandonné l’idée de nous poursuivre. Au bout de deux heures elle ne se composait plus que de dix hommes. Cependant, nous ne nous crûmes pas encore de force à lutter