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AVENTURES D’UN VOYAGEUR.

de sa protection, un superbe fusil de chasse avec une grande quantité de poudre et de plomb. »

Dans les plaines immenses qui séparent Oakinagan de Spokan on voit à certaines époques de grands troupeaux de chevreuils. Ils sont faciles à chasser vers la fin de l’été, et les Indiens les prennent en grand nombre à-la-fois ; voici la méthode qu’ils emploient : lorsqu’ils se sont assurés de la direction que les chevreuils ont prise, une partie de leurs chasseurs fait un détour pour arriver en tête de la bande, tandis qu’une autre partie reste sur les derrières, et met le feu aux herbes. La flamme se communique avec rapidité, les chevreuils sont arrêtés dans leur fuite par des chasseurs placés en embuscades, et pendant qu’ils hésitent entre deux dangers, un grand nombre tombe percé de flèches. Les loups rivalisent presque avec les Indiens par la manière dont ils chassent le chevreuil. Lorsque la faim les presse, ils s’avancent en troupe à la recherche de ces pauvres animaux ; une fois assurés de la direction qu’ils ont prise, ils se forment aussitôt en fer à cheval, et après quelques habiles manœuvres, ils parviennent à les chasser vers le grand ravin qui traverse ces plaines ; ils serrent alors leurs rangs, et pressent leurs victimes de si près, qu’ils ne leur laissent plus que le choix de se briser dans les précipices effrayans de ce ravin, ou de se jeter dans leurs gueules béantes.

M. Cox, ayant obtenu le commandement d’Oakinagan, y fit bâtir un petit fort entouré de fortes palissades de quinze pieds de haut, et flanquées de deux bastions. Chaque bastion portait un canon de quatorze, et avait des meurtrières pour les fusils. La situation d’Oakinagan est excellente pour une ville commerciale. Son sol est fertile, les chevaux s’y trouvent en grand nombre, et elle communique avec la mer par la Columbia. Les rivières abondent en poisson, et les naturels sont doux et tranquilles. Quand la civilisation, qui s’avance à si grands pas vers l’ouest de l’Amérique, aura passé les Montagnes Rocheuses, on ne pourra manquer de choisir cet emplacement pour y élever une ville. Cependant, si on en croit M. Cox, le séjour d’Oakinagan serait peu agréable. Les voyageurs eurent beaucoup à souffrir des mousquites, surtout aux momens de repos. Pendant leur repas