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peuple brûle ses morts et enferme leurs cendres dans ces urnes. Ce peuple croit qu’après la mort du corps, tout est dit pour l’homme. Ce peuple a coutume de se réjouir de la mort de ses pères, et de rire sur leurs cadavres, parce qu’il hérite enfin de leurs biens, ou parce qu’il les félicite d’être délivrés du travail et de la souffrance.

« Puisse Siwa aux boules dorées et au col d’azur, adoré de tous les lecteurs du Véda, me préserver de vivre parmi ce peuple qui, pareil à la fleur dou-rouy, a, comme elle, deux faces trompeuses ! »

Le dossier de la chaise qui m’occupait et m’occupe encore, était tout pareil à nos cimetières. Une idée religieuse pour mille indifférentes, une croix sur mille urnes.

J’y lus :

Mourir ? — Dormir.
rougeot-de-montcrif, garde-du-corps.

Il avait apporté, me dis-je, la moitié d’une idée d’Hamlet. C’est toujours penser.

Frailty thy name is woman !
j. f. gauthier.

À quelle femme pensait celui-là, me demandai-je ? C’est bien le moment de se plaindre de leur fragilité. — Eh ! pourquoi pas ? me dis-je ensuite en lisant sur la liste des prisonniers sur le mur : — âgé de vingt-six ans, ex-page du tyran. — Pauvre jeune page, une jalousie d’amour le suivait à Saint-Lazare ! Ce fut peut-être le plus heureux des prisonniers. Il ne pensait pas à lui-même. Oh ! le bel âge où l’on rêve amour sous le couteau !

Plus bas et entouré de festons et de lacs d’amours, un nom d’imbécille.

Ici a gémi dans les fers Agricola-Adorable Franconville, de la section Brutus ; bon patriote, ennemi du négociantisme, ex-huissier, ami du sans-culottisme. Il ira au néant avec un républicanisme sans tache.