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L’influence et la célébrité de Beccaria et de Verri avaient concouru à former en Lombardie une école de publicistes et d’économistes distingués ; mais leur nombre diminue tous les jours. Nous avons vu dernièrement Melchiorre Gioja (l’auteur de la Philosophie de la Statistique), mourir presqu’en sortant de prison, et le vénérable auteur du Colbertisme (Mengotti), périr à la suite d’une violente destitution. Il reste encore cette âme stoïque de Romagnosi, qui lutte courageusement contre toutes les difficultés qui l’entourent. Romagnosi, né aux environs de Plaisance, se signala, très jeune encore, par son ouvrage sur l’origine du droit pénal. Pendant les guerres qui, vers la fin du siècle dernier, désolèrent la Lombardie, il se retira à Trente, dans le Tirol, où il se livra à des recherches de physique et d’histoire naturelle. C’est là qu’en 1802, il observa, pour la première fois, la déviation de l’aiguille aimantée soumise à l’action d’un courant galvanique, phénomène important qui constitue la base de l’électromagnétisme ; peu après il fut rappelé à Milan par le nouveau gouvernement italien, et chargé de la rédaction d’un code de procédure pénale pour l’Italie. La manière dont il remplit cette tâche lui valut les plus grands éloges. Vers la même époque, il fit paraître sa belle Introduction à l’étude du droit public universel et d’autres ouvrages également profonds. Nommé successivement professeur à l’université de Parme et à celle de Pavie, il remplit aussi des fonctions importantes auprès du ministre de la justice, à Milan. Après la chute de Napoléon, Romagnosi perdit toutes ses places, et fut emprisonné à Venise ; c’est dans les fers qu’il écrivit son ouvrage sur l’enseignement primitif des mathématiques. Ayant enfin recouvré sa liberté, il revint à Milan, où il vit aujourd’hui dans une noble indigence. Quoique fort âgé, il fait preuve encore d’une activité prodigieuse : il a publié récemment une collection des écrits de Zanotti et de Stellini sur l’ancienne philosophie morale. Il travaille aux Annales de statistique de M. Lampato et à d’autres publications périodiques.

Parmi les hommes qui s’occupent d’études historiques, nous citerons en première ligne le comte Pompée Litta, qui a con-