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REVUE DES DEUX MONDES.

MISTRESS A.

Il l’est, madame, vous pouvez y compter.

LE DOCTEUR A, (à mistress O.)

Je puis vous assurer, madame, que je n’ai aucune envie que ma femme lise ce qu’on trouve dans la bible. (Se tournant vers mistress M.) Quelle est là-dessus l’opinion du colonel, madame ?

MISTRESS M.

Quant à cela, docteur, je ne me suis jamais inquiétée de le savoir. Je lui dis chaque jour que je crois au Père, au Fils et au Saint-Esprit, et que son devoir est d’y croire aussi. Cela fait, ma conscience est en repos, et il peut croire ce qui lui convient. Je n’ai jamais compris qu’un mari se mêlât des croyances de sa femme.

LE DOCTEUR A.

En quoi vous avez parfaitement raison. Ma femme peut vous dire que je lui donne congé de croire tout ce qu’elle veut ; mais c’est une bonne femme, elle n’abuse pas de la permission, car elle ne croit rien du tout.


« Ce n’est ni une fois, ni deux, ni trois, mais dans cent occasions durant ma résidence en Amérique, que j’ai vu discuter avec cette étrange légèreté des matières que mes habitudes aussi bien que ma raison m’avaient appris à réserver pour le silence du cabinet, et à ne pas mêler de la sorte aux folles causeries d’un salon. Rien ne saurait peindre la surprise que j’éprouvai, lorsque j’entendis ainsi pour la première fois une profession d’athéisme débitée d’un ton badin entre deux tasses de thé, et une homélie sur la sanctification entre la tartine de beurre et le petit gâteau. »


Bien que la tolérance soit grande en Amérique, toutes les fois qu’une secte domine dans un lieu, le fanatisme y reprend son instinct de persécution. De même, si les différentes sectes s’entendent sur une pratique, elles l’imposent. Les deux faits suivans en font foi.