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mari, avec un nez encore plus monstrueux, arrive en faisant de grandes révérences. Il s’ensuit une scène fort tendre et fort comique, dans laquelle Punch s’informe aussi de son enfant. Judy va le chercher, et pendant son absence, Punch, dans un second monologue, s’extasie sur son bonheur comme père et comme époux. Dès que le petit monstre arrive, les deux époux peuvent à peine contenir leur joie et lui prodiguent les plus doux noms et les plus tendres caresses. Judy s’éloigne cependant pour vaquer aux soins du ménage, et laisse son nourrisson dans les bras du père, qui imite assez maladroitement les manières d’une nourrice et qui veut jouer avec l’enfant dont les cris deviennent fort peu agréables. Punch cherche d’abord à le calmer, mais bientôt il devient impatient, le bat, et comme le petit crie toujours plus fort, et finit même par lui laisser quelque chose sur les mains, la fureur le prend, et s’emportant en malédictions, il le jette par la croisée, précisément dans la rue, où il se rompt le cou en tombant au milieu des spectateurs. Punch se penche vivement au bord de la scène pour mieux l’apercevoir, fait quelques grimaces, hoche de la tête, et se met à danser et à chanter joyeusement, en vantant le bonheur d’être débarrassé d’un marmot et en se proposant d’en faire bientôt un autre.

Judy revient et s’informe avec effroi de sa progéniture. L’enfant est allé dormir, répond Punch avec abandon ; mais il finit par convenir qu’en jouant avec lui, il est tombé, par accident, du haut de la fenêtre. Judy ne se possède plus, elle s’arrache les cheveux, et fait à Punch les plus effroyables reproches. C’est en vain qu’il lui promet la pace di Marcolfa[1], elle ne veut rien entendre et se sauve en le menaçant.

Punch se tient le ventre de rire, il danse encore, et dans l’excès de sa joie, il se cogne la tête contre les quatre murailles, lorsque tout doucement Judy se présente derrière lui, armée d’un manche à balai et le travaille de toutes ses forces.

Punch lui donne de fort belles paroles ; il lui promet de ne

  1. Tout le monde connaît en Italie la pace di Marcolfa. La bonne femme de l’honnête Bertoldo (dans le vieux roman de ce nom) dit à la reine que lorsqu’elle s’est disputée tout le jour avec son mari, ils font la paix le soir, et que souvent elle dispute rien que pour faire la paix.