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SIGURD.

Voilà assez de ressemblance pour établir que ces deux fables ont un rapport certain d’origine, et assez de différence pour faire juger impossible que l’une soit un calque de l’autre.

Maintenant étudions la légende qui sert de base commune à ces deux versions ; nous reviendrons plus tard sur leurs différences.

DEUX PARTIES DANS LA LEGENDE.

Il faut distinguer dans cette légende deux parties, l’une contenant l’histoire du trésor, du dragon, de Brunhilde, de tout ce qui arrive jusqu’à la mort de Sigurd ; la seconde comprenant tout ce qui suit cette mort, la punition de ses auteurs, et ce qui se passe dans le camp d’Attila.

Ces deux parties sont de nature et d’époque diverses.

PREMIÈRE PARTIE MYTHOLOGIQUE.

Le fond de l’histoire de ce personnage, qui dans le nord s’appelle Sigurd, et qui en Allemagne a pris le nom de Sigfrid, est un mythe dont le sujet est celui-ci : un héros triomphant d’un dragon gardien d’un trésor. Ce mythe n’était probablement pas plus originaire de la Scandinavie que l’ensemble de la religion à laquelle il se rattachait. Il est vraisemblable que, comme elle, il venait de l’Orient. Les critiques danois les plus habiles y ont vu une manière symbolique d’exprimer ce fait si frappant pour des peuples pleins d’imagination et d’avidité : l’or que roulent certaines rivières de l’Europe et de l’Asie.

Une autre explication plus haute de ce mythe consiste à admettre que l’histoire du héros Sigurd ait été primitivement celle du dieu Odin lui-même, dont Sigurd, que son origine rattache à lui, serait une manifestation, une sorte d’incarnation[1], repro-

  1. Odin était père de la race des Volsungs dont le plus célèbre est Sigurd.