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pui du pape, il termina le Prince par ces mémorables paroles :

« Il faut saisir l’occasion, et montrer à l’Italie, après un si long-temps, son rédempteur. Je ne saurais exprimer avec quel amour il serait reçu par ces provinces qui ont tant souffert des irruptions étrangères. Qui pourrait dire la soif de vengeance, l’obstination, la piété, les larmes de ces peuples ? Quelle porte se fermerait au libérateur de l’Italie ? quel peuple lui refuserait obéissance ? Aurait-il à craindre aucune envie ? Y aurait-il un Italien qui lui refuserait hommage ? Cette domination des Barbares a révolté tout le monde. Il appartient à votre illustre maison de se jeter dans cette entreprise, avec ce zèle et cet espoir de succès que donne la sainteté de la cause. Notre patrie sera ennoblie par votre drapeau, et la prophétie de Pétrarque se réalisera. »

Machiavel appelait un tyran pour délivrer l’Italie. Les tyrans arrivèrent en foule, mais l’Italie attend encore son libérateur.

Dans ce même siècle, Florence fut illustrée par Michel-Ange, qui seul pourrait suffire à la gloire d’une nation. À côté de ces génies du premier ordre, il y eut une foule d’autres hommes qui partout ailleurs se seraient placés au premier rang. Guicciardini, Varchi, Cesalpino, Alamanni, nés dans des temps de liberté, conservèrent leur énergie après la chute de Florence, et tournèrent vers la culture des lettres des efforts qui n’étaient plus utiles à leur patrie. Mais ce qui montre plus que toute autre chose la force du génie florentin, c’est qu’après les règnes d’horrible mémoire d’Alexandre et de Côme de Médicis, il ait pu surgir Galilée, ce grand génie qui se trouve à la tête de toutes les découvertes scientifiques des modernes, Galilée non moins célèbre par ses travaux que par ses malheurs. Son influence créa un peuple d’illustres disciples, et ses recherches furent continuées avec autant de bonheur que de gloire, pendant tout le dix-septième siècle, par Torricelli, Castelli, Redi, et par l’académie del Cimento.

La nature, après avoir produit, dans l’espace de trois siècles, Dante, Léonard, Michel-Ange, Machiavel et Galilée, parut vouloir se reposer. Au dix-huitième siècle, la Toscane n’offrit que