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REVUE DES DEUX MONDES.

Debout sur un sommet de leur âpre rivage,
Les princes des Finois chantaient un chant sauvage,
C’est celui qui tourmente et soulève les flots,
Celui qui suscita la tempête aux héros.
Des magiciens hagards et des femmes hideuses,
Sachant du Seida les pratiques honteuses,
S’efforçaient d’interdire aux braves d’approcher,
On les voyait ces nains, ces monstrueuses femmes,
Avidement tour-à-tour se pencher
Sur le chaudron magique entouré par les flammes.
Du brasier la rouge lueur
Éclairait leurs traits difformes,
Leurs regards clignotans et leurs têtes énormes
Leurs fronts baignés d’une impure sueur.

Qu’est ceci ? dit Sigurd, notre vaisseau s’arrête ;
Mais si leurs chants le peuvent arrêter,
Ils n’empêcheront pas la mer de nous porter.
Il dit, et sur Grani plonge dans la tempête.
Alors chaque guerrier, de colère enflammé,
Sur son écu de cuir au sein des flots s’élance,
Et ramant avec sa lance,
Bientôt sur le rivage a bondi tout armé.

Les magiciens tremblaient, et leurs genoux plièrent ;
Mais des chefs à Sigurd, de loin, les voix crièrent :
Où donc était Sigurd ! nous l’attendions ici,
Le bon guerrier ne tarde pas ainsi.
Étais-tu chez les morts, étais-tu chez les Ases ?
— Ne l’avez-vous pas su dans vos tristes extases ?
Tandis que, déposant vos corps,
Et devenus de loups immondes,
Vous erriez, vils Finois, dans vos forêts profondes,
Où vous rongiez les os des morts,
Pour vous punir, je venais sur les ondes ;
Ne l’avez vous point su ? peuple impur et maudit.
— Les oiseaux ont parlé, les oiseaux nous ont dit :