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SIGURD.

— Prends le mien, dit Sigurd, et Gunar s’applaudit :
Il monte ; mais Grani, hennissant de colère,
En se cabrant sous lui, bondit,
Et brisé le renverse à terre.

Sigurd rit : Mon cheval ne veut porter que moi.
Eh bien ! je changerai de figure avec toi.
Il trace un rune alors dont il connaît l’usage,
Et tous deux ont changé de traits et de visage.

Lors un grand fracas retentit,
La terre sous leurs pieds s’agite,
Sur Grani que sa voix excite,
L’ardent Sigurd se précipite,
Et la flamme les engloutit.
Le héros presse de son glaive
Les flancs fumans de son coursier.
Il s’abat, Sigurd le relève.
À travers le feu qui s’élève,
Reluit son armure d’acier.

Sigurd a fourni sa carrière
Et franchi ce brûlant chemin.
Brunhilde attendait, calme et fière,
Dans sa parure de guerrière,
Portant au front casque et visière,
Tenant un glaive dans sa main,
Et lui parle ainsi la première :
Quel es-tu, toi, qui viens sur ton fumant coursier ?
Hors un guerrier, j’ai cru qu’il n’existait personne
Qui pût percer le mur de feu qui m’environne,
Et Sigurd était ce guerrier.
— Je m’appelle Gunar, et Giuki fut mon père :
C’est un nom fameux dans la guerre.
Ta promesse, il faut la tenir.
Chez les Nifflungs il faut venir. —

— Es-tu digne de moi, Gunar, par ta vaillance ?
Jusqu’ici tous les rois qui croyaient m’obtenir,