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séquences, au lieu de céder la parole à mistress Trollope, ce qui aurait été, je n’en doute pas, beaucoup plus agréable pour le lecteur. Il n’est pas un de ces résultats à l’appui duquel son livre ne contienne les faits les plus curieux et les plus piquans. Mais, comme il faut choisir, et que nous ne saurions transporter tout son voyage dans cette Revue, nous nous bornerons à quelques-uns de ceux qu’elle a recueillis sur la religion. Les conséquences religieuses de la démocratie sont, de toutes, celles que nous devinons le moins ; elles sont donc, de toutes, les plus instructives pour nous. Si, ce dont nous doutons beaucoup, nos lecteurs trouvaient assez d’intérêt dans ces articles pour n’en pas redouter un troisième, nous pourrions une autre fois satisfaire leur curiosité sur les autres points que nous avons indiqués.

Nous mettrons d’abord sous leurs yeux quelques-unes des scènes religieuses dont mistress Trollope a eu le spectacle en Amérique. Nos idées réclament vivement toute cette liberté dont on jouit sur la terre classique de la démocratie ; il faut voir si nos mœurs s’accommoderaient de ses effets.


« Il n’y avait que peu de mois que nous étions à Cincinnati, quand notre curiosité fut excitée par l’annonce d’un Revival. On ne parlait plus d’autre chose dans la ville : « Le Revival sera très nombreux ; nous serons constamment engagés pendant le Revival », étaient des phrases que nous ne cessions d’entendre, et que nous entendîmes long-temps sans les comprendre. — J’appris à la fin de quoi il s’agissait. — Les sectes américaines n’ayant point, comme la plupart de nos religions d’Europe, l’avantage d’être nationales, ont besoin, pour se soutenir, de ranimer de temps en temps le zèle et l’exaltation de leurs partisans. Tous les ans à des époques fixes, les membres les plus ardens du clergé se mettent en route à cet effet, et parcourent le pays. On voit ces missionnaires arriver dans les bourgs et dans les villes par douzaines ou par centaines selon l’importance du lieu, et y planter leurs tentes, tantôt pour huit jours, tantôt pour quinze, et