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HUITIÈME LEÇON.

ROMANS PROVENÇAUX.



En prouvant, comme je crois l’avoir fait, que les Provençaux eurent des épopées originales sur les divers incidens historiques ou fabuleux de la lutte des chrétiens des Gaules avec les Arabes d’Espagne, je n’ai prouvé qu’une chose d’elle-même très-vraisemblable. Dès l’instant où il y avait dans la littérature de ces peuples des épopées romanesques, il était parfaitement naturel que quelques-unes au moins de ces épopées roulassent sur des guerres importantes, et qui avaient été, durant près de deux siècles, pour le midi, un motif constant d’inquiétudes religieuses et politiques, et d’héroïques efforts.

Il n’en est plus de même quand il s’agit d’épopées dont le sujet est ou a l’air d’être pris de l’histoire de quelques peuplades des Bretons insulaires du vie siècle. — On ne découvre pas si aisément quels motifs les populations méridionales de la Gaule pouvaient avoir d’aller chercher des sujets de poésie romanesque hors de chez elles, dans une histoire tout-à-fait étrangère à la leur, histoire qui n’avait d’ailleurs rien de frappant, rien de merveilleux, rien qui dût naturellement porter d’autres peuples à s’en occuper, à la dénaturer par des fables. La nationalité est, comme nous l’avons vu, une des conditions, un des caractères de l’épopée primitive. Or, il n’y avait, pour les peuples de langue provençale, rien de national dans les traditions