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DE LA CHINE.

caractères chinois, par un procédé analogue à celui qui donne naissance au syllabaire japonais. On voit ce qui peut se cacher d’important pour l’histoire des procédés de l’esprit humain dans les régions les plus lointaines, les moins connues, dans le Japon et la Corée. C’est là qu’on devait découvrir le secret de la formation de l’alphabet. Ajoutons que sur un autre terrain, M. Champollion arrivait à des résultats parallèles, et voyait en Égypte s’accomplir, suivant la même loi, la transformation de l’écriture hiéroglyphique en écriture alphabétique.

§ III. Histoire littéraire, belles-lettres.

L’un des grands avantages qu’offre l’étude de la littérature chinoise, c’est qu’au lieu d’avoir à faire à des manuscrits rares et d’une lecture difficile, on a sous la main, et l’on peut facilement faire venir du pays même des milliers de livres imprimés. Quelques personnes parlent encore par habitude des manuscrits chinois ; elles ne réfléchissent pas que l’imprimerie a été inventée à la Chine environ cinq siècles avant qu’elle fût connue en Europe. Dans ce pays immense et si anciennement civilisé, où la littérature se confond avec le gouvernement et presque avec la société, on doit s’attendre à rencontrer tous les secours dont la philologie aide et parfois accable l’érudition.

C’est ce qui a lieu en effet : renseignemens bibliographiques et littéraires de toutes sortes, préfaces, notes, commentaires, véritables éditions variorum, voilà ce qu’on trouve à la Chine, voilà ce que, pour des sommes fort modiques, on peut faire venir en Europe et qu’on y possède déjà en fort grande abondance. On n’a véritablement que l’embarras de la richesse. Comment s’orienter au milieu de ces ouvrages, qui procèdent par centaines et par milliers de volumes ? témoin cette collection d’auteurs choisis qui n’en a pas moins de cent quatre vingt mille. Il est vrai que nous n’en sommes pas encore là, et que la Bibliothèque du Roi ne possède guère que huit mille volumes chinois ; mais c’est encore un fonds assez considérable pour que notre curiosité et notre patience ne risquent pas de