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REVUE. — CHRONIQUE.

vraiment neuve et dont nous ne saurions trop féliciter le jeune auteur.

À la trente-neuvième soirée, au trente-neuvième chapitre, l’héroïne principale de M. Paul Buessard, Azélie, ou, si vous l’aimez mieux, Amédina, — car elle a deux noms, — bref, l’héroïne est mourante.

M. Paul, dit-elle alors, parlez-moi de votre Élisa.

M. Paul lui parle de son Élisa. L’héroïne meurt. C’est bien. Vous, simple lecteur, vous pleurez selon le temps et la sensibilité que vous avez ; puis, quand vous avez fini, quand vous avez essuyé vos yeux, vous passez au quarantième chapitre, à la quarantième et dernière soirée.

Mais voici à quoi vous ne vous attendiez guère :

L’héroïne est dans le cercueil, le cercueil est dans l’église. Tout-à-coup le héros, Reynold ou Léonard, comme il vous plaira (car il a deux noms aussi), le héros donc, se précipite sur le cercueil, le brise et en retire le corps de l’héroïne qui respirait encore, mais qui lui meurt bientôt définitivement entre les bras. De façon que vous, triste lecteur, qui avez pleuré déjà, il vous faut reprendre votre mouchoir et pleurer derechef comme si vous n’aviez rien fait.

Pour peu que cela puisse d’ailleurs vous consoler, M. Paul Buessard vous apprend, dans la conclusion de son livre, que Reynold ou Léonard, son héros, qui ne meurt point, joue maintenant un grand rôle sur la scène politique.

Or, si M. Paul Buessard n’a pas dit cela seulement pour nous intriguer, il y a maintenant sur la scène politique un bien étrange personnage.

résignée, par m. gustave drouineau.

Il faut faire deux parts du nouvel ouvrage de M. Gustave Drouineau.

Dans Résignée[1], vous avez donc d’abord un roman écrit d’un style simple et chaleureux, un roman rempli d’intérêt, de nobles sentimens et d’honorables passions. Cette part est de beaucoup la meilleure, sinon la plus curieuse. — Vous avez ensuite une religion nouvelle, un néo-christianisme.

Ce néo-christianisme filtre bien quelque peu à travers toutes les pages du livre ; mais son réservoir est dans la préface. Cette préface est intitulée Promenade aux Tuileries, et M. Gustave Drouineau s’y introduit lui-même, afin d’exposer ses idées néo-chrétiennes.

M. Gustave Drouineau se promenait donc aux Tuileries, ne songeant à mal et rêvant à sa religion, lorsqu’un vieillard l’aborde en lui disant : — Eh ! eh ! c’est moi qui suis votre vieillard de la préface du Manuscrit vert.

— Ah ! vous êtes mon vieillard de la préface du Manuscrit vert ? répond M. Gustave Drouineau ; eh bien ! causons néo-christianisme.

  1. Chez Gosselin.