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INFLUENCE DES MOEURS SUR LES LOIS.

laire de l’esprit humain, et vous n’hésitez plus dans votre courage et vos espérances. Pour fortifier ainsi l’âme, l’étude de l’histoire est un admirable secours. Contre l’étude du genre humain les chagrins particuliers ne tiennent pas ; on n’a plus d’abattement et de vapeurs, si l’on est aux prises avec l’intelligence des sociétés et des grands hommes. Quand on plonge dans le passé, quand on le voit, quand on le tire vivant du sein des monumens, des textes, des commentaires et des bibliothèques, je ne sais quel enthousiasme vous prend au cœur ; les vives clartés de l’esprit se changent en une sensibilité qui vous passionne et vous possède en vous éclairant. Alors ce n’est plus le passé seulement que vous voyez, mais vous entrevoyez l’avenir ; la compréhension de ce qui n’est plus est récompensé par le pressentiment de ce qui n’est pas encore. L’histoire est l’écriture monumentale des idées humaines. Eh ! qu’importeraient les idées, qu’importeraient les pensées qui traversent la tête de l’homme comme l’aigle traverse le ciel, si ces idées, si ces pensées ne devaient pas retomber sur la terre, si à ces idées, si à ces pensées n’était pas assigné fatalement le gouvernement du monde ?


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