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que jadis quelques trapistes y avaient fixé leur demeure. Sa circonférence est de huit cents mètres, et sa hauteur de trente. Les autres tumuli sont moins élevés, et répandus à distances inégales dans la plaine. On trouve près de ces mounds des vases de terre et des ossemens humains. Mais c’est en vain qu’on en a fouillé un grand nombre, on n’a rien découvert qui pût faire soupçonner leur usage.

Ma visite la plus intéressante à Saint-Louis, fut celle que je rendis au vénérable gouverneur Clark, le fameux voyageur qui le premier, avec Lewis, traversa, de 1805 à 1808, le continent américain jusqu’à la rivière Columbia. Il a chez lui un muséum des plus rares. J’avoue cependant que lorsqu’il me proposa de me le faire voir, il ne piqua que médiocrement ma curiosité, car je savais par expérience ce que les Américains décorent du nom de museum. Aux États-Unis, la passion des museums est générale ; chacun veut avoir le sien. Il est vrai de dire qu’on s’y passe cette fantaisie à bon marché : un crocodile empaillé suspendu au plafond, un vieil orgue dans un coin, c’est là généralement ce qui constitue leur cabinet de curiosités, avec la pompeuse inscription de museum en lettres d’or sur la porte. Mais la collection du général Clark est très précieuse ; elle contient toutes sortes de pelleteries les plus rares, des costumes de sauvages, des armes, des portraits de chefs indiens, des minéraux, des fossiles, etc. Le général en a recueilli lui-même la plus grande partie dans ses voyages ; le reste lui a été donné en présent par les diverses tribus indiennes, qui ont toutes pour lui une grande vénération et l’appellent leur père. — Je visitai aussi, près de la ville, les Jefferson’s Barracks, qui sont le poste des États-Unis où l’on trouve le plus de troupes réunies il y avait alors huit cents hommes !

Je partis de St.-Louis, le 11 juin, pour Louisville, dans l’état de Kentucky, sur l’Ohio, en prenant la voie de terre à travers les états d’Illinois et d’Indiana, pour visiter ces vastes prairies dont j’avais tant entendu parler. Jusqu’à la ville de Vincennes, qui est de fondation française, comme son nom le dit de reste, la route traverse presque continuellement de ces magnifiques prairies, et une entre autres qui forme un triangle dont la base a cent milles de large, et qui se rétrécit jusqu’à vingt, et même dix milles. Quand le vent souffle sur