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MISCELLANÉES SCIENTIFIQUES.

du castor est inférieure à celle de ces deux animaux ; mais elle a suffi pour appliquer à des circonstances imprévues, et pour modifier, suivant le besoin, un penchant instinctif en rapport avec le mode d’existence normal.


ONGLE DE LA QUEUE DU LION.

Les poètes qui décrivent la colère du lion, nous représentent d’ordinaire l’animal battant ses flancs de sa queue. Cette image se trouve déjà dans Homère, et quoiqu’elle ne soit pas conforme à ce que nous montre l’observation, elle a été adoptée généralement par les poètes grecs et romains. Lucain, avec son exagération habituelle et son besoin de renchérir sur ce qui a été dit avant lui, prétend que ces coups, qui d’abord, ne sont qu’un signe de l’irritation de l’animal, accroissent sa colère et la changent en rage. Pline, enfin, semble prendre au sérieux l’hyperbole de Lucain.

Aucun de ces écrivains cependant n’avait indiqué dans la queue du lion une disposition singulière qui pouvait donner un peu de probabilité à l’étrange opinion qu’ils avançaient, relativement aux usages de cette queue. La découverte de l’existence de cette particularité était réservée à Didyme d’Alexandrie, un des premiers commentateurs de l’Iliade. Il trouva à l’extrémité de la queue et caché au milieu des poils, un ergot corné noirâtre, et il supposa que c’était là l’organe qui, lorsque le lion, au moment du danger, agitait violemment sa queue, lui piquait les flancs à la manière d’un éperon et l’excitait à se jeter sur ses ennemis.

L’observation du savant commentateur passa presque inaperçue, et soit que les naturalistes modernes n’en eussent pas connaissance, soit qu’ils la révoquassent en doute, aucun d’eux n’en parla jusqu’à Blumenbach, qui confirma l’exactitude du fait anatomique rapporté par Didyme, mais sans adopter, comme on le pense bien, l’opinion relative aux usages de cette partie. Dans ses mélanges d’histoire naturelle, il annonce avoir trouvé tout à l’extrémité de la queue du lion, un petit ergot noirâtre de consistance cornée entouré à sa base par un repli annulaire de la peau et adhérent fermement à un follicule unique d’apparence glanduleuse. Toutes ces parties, remarque-t-il, sont si petites, et la pointe cornée est tellement ensevelie