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On dit que c’est à des moutons qu’on est redevable de cette découverte. Un berger observa que pendant les grandes chaleurs ses brebis allaient toutes mettre le nez contre terre sur certaines places. Il y porta la main pour chercher la raison de cette préférence, sentit le froid qui en sortait, et imagina d’y construire une cave. En effet le vent frais se fait sentir même en plein air.

Dans un lieu où l’on avait commencé à construire une cave et où il n’y avait encore élevé que le mur de fond avec les soupiraux qu’on y ménage, de Saussure trouva qu’à l’entrée de ces soupiraux le thermomètre marquait 4°, l’instrument posé sur le sol était à 8°, enfoncé à huit pouces de profondeur il marquait 7°. Dans une cave fermée, la température était de 5° ; on était alors au mois d’août, et à ce moment le thermomètre à l’air libre et à l’ombre marquait 18°.

Nous ne suivrons pas de Saussure dans ses autres descriptions. Nous ferons remarquer seulement que les caves dont il vient d’être question se rapprochent beaucoup de celles dans lesquelles se font les fromages de Roquefort.

Gell, dans son Itinéraire de la Grèce, nous dit que dans la vallée de Tempé on trouve près du chemin une fente connue sous le nom du trou du vent (anemo trupe), d’où il sort, pendant les mois d’été, un vent fort et frais.

Dans une notice d’Alexandre Kazim Beg sur le lac Ala-Goul et la caverne Ouybe, écrite sur la demande de M. de Humboldt, et insérée par cet illustre géologue dans ses Mélanges Asiatiques, nous trouvons le passage suivant : « Quelques verstes au-delà des montagnes de Joug-Tau et de Barlyk est une caverne souterraine qui porte le nom d’Ouybe. Quelquefois, et principalement en hiver, elle produit des tempêtes violentes qui durent souvent deux jours. »

« Sur la côte méridionale de la Crimée, près de la haute montagne de Murgundunu-Kajase se trouvent vers le sommet d’énormes ruines de pierres puantes, noirâtres, groupées les unes sur les autres et remplies de crevasses ; il sort d’une de ces fentes, très spacieuse, un air froid qui frappe le visage, il s’en exhale des vapeurs en hiver, et peut-être a-t-elle quelque communication avec la mer. »

« Avant de parvenir au promontoire de Niquita-Barum, très avancé dans la mer, on voit à gauche de la route, et à une grande élévation au-dessus des eaux, des blocs énormes de roche calcaire brisés et déchirés d’une manière effrayante ; entre ces masses se trouve une excavation large, profonde et dangereuse, remplie de fragmens de roc d’où s’échappe un vent froid. »