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REVUE SCIENTIFIQUE.

« L’eau qui, réduite à ses élémens, fait partie des cristaux, a une grande influence sur leur forme ; aussi ne doit-on pas chercher dans un sel dit hydraté la même forme que dans le sel anhydre correspondant. Si l’identité de forme existait, il se trouverait alors une différence dans les dimensions de la molécule intégrante et une autre différence dans la disposition des atomes qu’elle renfermerait.

« Aucune espèce de combinaison renfermant plus de deux élémens ne doit être représentée par une formule bi-binaire, et aussi l’on doit considérer comme manquant d’exactitude et la nomenclature guytonnienne des corps renfermant plus de deux élémens, et les classifications basées sur cette nomenclature, et enfin la théorie électro-chimique de Berzelius.

« L’électricité, la chaleur et la lumière sont tout aussi bien que la pesanteur des qualités inhérentes aux molécules matérielles. »

M. Esquirol lit un mémoire ayant pour titre : Des illusions chez les aliénés. L’auteur, qui, à une autre époque, a traité la question des hallucinations, s’attache à bien distinguer ces deux genres de phénomènes. Dans les hallucinations, tout se passe dans le cerveau ; l’halluciné est un rêveur éveillé. Chez lui, l’activité cérébrale est telle, que les images reproduites par la mémoire sont pour lui comme présentes, et l’impression en est plus forte que celle qu’il reçoit de ses sens au même moment. Dans les illusions, au contraire, les sens agissent, mais la réaction du cerveau sur les sensations transmises étant influencée par les idées et les passions qui dominent les aliénés, les malades se trompent sur la nature et la cause de ces sensations. Dans l’état de santé, on peut avoir des illusions, mais la raison les détruit bientôt. Chez les aliénés, cette rectification souvent n’a pas lieu ; elle devient même presque impossible, si en même temps que le cerveau est dans un état pathologique, les sens également malades ne lui transmettent que des impressions erronées.

Le maniaque, dont l’attention très mobile ne peut s’arrêter assez long-temps sur les objets extérieurs, n’en a souvent qu’une perception incomplète et dont l’impression est bientôt effacée. Chez le monomaniaque, au contraire, l’attention trop concentrée ne peut se porter successivement sur les objets extérieurs, dès qu’ils