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MOUVEMENS MUSCULAIRES.

qui commande aux organes musculaires. C’est en cela que les phénomènes que j’ai décrits me semblent être de quelque intérêt pour la psychologie, et même pour l’histoire des sciences ; ils prouvent combien il est facile de prendre des illusions pour des réalités, toutes les fois que nous nous occupons d’un phénomène où nos organes ont quelque part, et cela dans des circonstances qui n’ont pas été analysées suffisamment. En effet, que je me fusse borné à faire osciller le pendule au-dessus de certains corps, et aux expériences où ses oscillations furent arrêtées, quand on interposa du verre, de la résine, etc., entre le pendule et les corps qui semblaient en déterminer le mouvement, et certainement je n’aurais point eu de raison pour ne pas croire à la baguette divinatoire et à autre chose du même genre. Maintenant on concevra sans peine comment des hommes de très bonne foi, et éclairés d’ailleurs, sont quelquefois portés à recourir à des idées tout-à-fait chimériques pour expliquer des phénomènes qui ne sortent pas réellement du monde physique que nous connaissons[1]. Une fois convaincu que rien de vraiment extraordinaire n’existait dans les effets qui m’avaient causé tant de surprise, je me suis trouvé dans une disposition si différente de celle où j’étais la première fois que je les observai, que long-temps après, et à diverses époques, j’ai essayé, mais toujours en vain, de les reproduire.

En invoquant votre témoignage sur un fait qui s’est passé sous vos yeux il y a plus de douze ans, je prouverai à mes lecteurs que je ne suis pas la seule personne sur qui la vue ait eu de l’influence pour déterminer les oscillations d’un pendule tenu à la main. Vous vous rappelez sans doute qu’étant chez vous avec le général P***** et plusieurs autres personnes, mes expériences devinrent un des

  1. Je conçois très bien qu’un homme de bonne foi, dont l’attention tout entière est fixée sur le mouvement qu’une baguette qu’il tient en ses mains peut prendre par une cause qui lui est inconnue, pourra recevoir de la moindre circonstance la tendance au mouvement nécessaire pour amener la manifestation du phénomène qui l’occupe ; par exemple, si cet homme cherche une source, s’il n’a pas les yeux bandés, la vue d’un gazon vert, abondant, sur lequel il marche, pourra déterminer en lui, à son insu, le mouvement musculaire capable de déranger la baguette, par la liaison établie entre l’idée de végétation active et celle de l’eau.