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REVUE DES DEUX MONDES.

MARIANNE.

La maison est entourée d’assassins ; mon mari vous a vu entrer ce soir ; il a écouté notre conversation, et votre mort est certaine, si vous restez une minute encore.

CŒLIO.

Est-ce un rêve ? suis-je Cœlio ?

MARIANNE.

Octave, Octave, au nom du ciel, ne vous arrêtez pas. Puisse-t-il être encore temps de vous échapper ! Demain, trouvez-vous, à midi, dans un confessional de l’église, j’y serai.

(La jalousie se referme.)
CŒLIO.

Ô mort ! puisque tu es là, viens donc à mon secours. Octave, traître Octave, puisse mon sang retomber sur toi ! Puisque tu savais quel sort m’attendait ici, et que tu m’y as envoyé à ta place, tu seras satisfait dans ton désir. Ô mort ! je t’ouvre les bras ; voici le terme de mes maux.

(Il sort. On entend des cris étouffés et un bruit éloigné dans le jardin.)
OCTAVE, en dehors.

Ouvrez, ou j’enfonce les portes.

CLAUDIO, ouvrant, son épée sous le bras.

Que voulez-vous ?

OCTAVE.

Où est Cœlio ?

CLAUDIO.

Je ne pense pas que son habitude soit de coucher dans cette maison.

OCTAVE.

Si tu l’as assassiné, Claudio, prends garde à toi ; je te tordrai le cou de ces mains que voilà.

CLAUDIO.

Êtes-vous fou ou somnambule ?

OCTAVE.

Ne l’es-tu pas, toi-même, pour te promener à cette heure, ton épée sous le bras !