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MÉLANGES.

fois deux pouces de diamètre, de sorte qu’il est plus large que le terrier. Il est principalement composé de fragmens de bois sec unis à l’aide d’un peu de terre glaise et tapissé en-dedans d’un tissu filé par l’araignée, tissu qui se continue dans tout l’intérieur du terrier. Cette sorte d’ouvrage avancé a pour objet d’interdire l’entrée aux fragmens que le vent roule à la surface du sol, et en même temps de garantir la demeure du danger d’une inondation.

La tarentule n’est pas la seule espèce de lycose qui élève des tuyaux en maçonnerie au-dessus de l’ouverture de sa demeure souterreine. La lycose habile (lycosa perita. Latr.) découverte par M. Latreille aux environs de Paris, aurait aussi, d’après cet auteur, l’habitude de construire un petit tuyau conique avec des corps étrangers, de la terre, du bois, etc., et de le tapisser également avec un tissu de soie.

La tarentule est un insecte défiant, toujours sur ses gardes, et qui, au premier indice du danger, regagne en un clin-d’œil la partie la plus reculée de sa demeure. Il faudrait donc pour s’en rendre maître, en l’attaquant de front, creuser profondément dans un sol souvent assez dur et employer la pioche et la pelle comme pour déterrer un renard ; mais on réussit sans tant de peine, si on a recours à la ruse. Le moyen employé par M. Léon Dufour consistait à offrir un appât à la voracité de l’araignée en agitant à l’entrée de sa galerie un chaume de graminée surmonté de son épillet. L’araignée, trompée par ce bruit qui lui semblait produit par un insecte, s’avançait à pas mesurés et à tâtons vers l’épillet, et en retirant à propos celui-ci un peu en-dehors du trou, elle s’élançait souvent d’un seul trait hors de sa demeure, dont l’entomologiste avait soin de fermer aussitôt l’entrée. Alors déconcertée, embarrassée de sa liberté, elle éludait fort gauchement les poursuites, et cherchait habituellement refuge dans un cornet de papier préparé à dessein pour l’enfermer.

Si on ne réussissait pas à la faire sortir tout d’abord hors de sa demeure, le premier moment de surprise perdu, il n’y avait plus moyen de lui faire commettre cette imprudence, et elle s’arrêtait près de sa porte, observant les mouvemens de l’épillet. Mais pendant qu’elle était ainsi musant, on lui coupait la retraite en en-