Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 2.djvu/578

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
572
REVUE DES DEUX MONDES.

mal dans une attitude renversée, accrochée par les jambes, d’un côté aux parois de l’entrée du trou, de l’autre à la toile qui revêt le derrière de la porte, tirer à lui cette porte, de sorte que dans cette lutte elle s’ouvrait et se fermait alternativement. La mygale ne céda que lorsque la trappe fut entièrement soulevée ; elle se précipita alors au fond du trou.

La mygale maçonne, dès le premier indice de danger, vient se cramponner contre sa porte. Rien n’est plus facile alors que de lui couper la retraite en ouvrant une tranchée, et de la rejeter à la surface du sol. Alors on s’en empare aisément, car dès qu’elle se trouve ainsi en pleine lumière, elle s’emble privée de toutes ses forces et elle ne marche qu’en chancelant. Nous avons vu qu’il en était à peu près de même pour la tarentule, ce qui semblerait indiquer chez les deux des habitudes nocturnes.

On a donné le nom de mygale de Sauvages, non à l’espèce dont cet observateur a fait connaître les mœurs, mais à une autre qui habite l’île de Corse : on la désigne cependant plus communément sous le nom de mygale Pionnière (mygale fodiens), qui lui a été donné par M. Walckenaer : c’est à cette espèce que M. Latreille attribue la construction de nids qui sont conservés dans la collection du muséum d’histoire naturelle, et qui font l’objet d’un mémoire de M. Audouin sur lequel M. F. Cuvier a lu récemment un rapport à l’Académie.

Ces nids, au nombre de quatre, sont compris dans une masse de terre cubique de trois pouces de côté, et leur réunion sur un si petit espace, indique dans les pionnières des mœurs moins farouches que celles de la plupart des autres araignées. Chaque nid est formé d’un tube cylindrique de dix lignes de diamètre, droit dans les deux tiers supérieurs, et devenant légèrement oblique dans l’autre tiers. La partie inférieure des quatre tuyaux manque, la motte de terre n’ayant pas été enlevée assez profondément, de sorte que jusqu’à présent on ne connaît ni la longueur totale du clapier ni sa direction près du cul-de-sac.

Le tube n’est pas simplement creusé dans la terre argileuse qui forme la masse de la motte ; il est construit à la manière d’un puits, c’est-à-dire qu’il a sa muraille de revêtement formée par une espèce