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MÉLANGES.

ne les cherchait ni ne les évitait plus, et semblait au contraire avoir des attentions particulières pour les jeunes femelles.

Chez une femelle de faisan argenté, qui avait été élevée dans la maison de campagne d’un ami de M. Geoffroy, puis donnée au Muséum dans sa vieillesse, le changement ne commença à se manifester que vers l’âge de huit ou dix ans, et trois ans au moins après qu’elle avait cessé de pondre, tandis que, chez l’autre, l’époque de la cessation des pontes avait coïncidé avec celle du commencement de la transformation. Le changement fut progressif trois années durant ; il était complet à la fin de la quatrième, de sorte que, non-seulement par la vivacité des couleurs, mais encore par la longueur de la crête et de la queue, cette vieille poule représentait un mâle orné de la plus brillante parure.

Le mâle vivait encore à l’époque où le changement avait commencé à paraître chez cette faisane, et cela ne paraissait pas l’avoir rendu indifférent pour elle, peut-être parce que c’était son unique compagne ; celle-ci au contraire le fuyait et paraissait quelquefois importunée de sa présence.

La femelle du faisan à collier avait été, comme la précédente, élevée près de Paris, chez un particulier ; elle fut de même donnée au Muséum dans sa vieillesse. Les renseignemens fournis par le donateur apprirent qu’elle avait plusieurs fois pondu chez lui. Néanmoins, comme le changement de plumage se trouvait déjà fort avancé, et qu’elle présentait dès-lors plutôt les caractères extérieurs d’un mâle que ceux d’une femelle, on crut devoir, lors de sa mort arrivée peu de temps après, constater par l’examen anatomique son véritable sexe. Cet examen leva tous les doutes qu’on pouvait avoir.

Quoique la robe rappelât beaucoup celle du mâle, cependant on y remarquait encore d’assez notables différences : ainsi les couvertures supérieures de la queue et des ailes étaient rousses comme le reste du corps, le collier était moins marqué et le ventre beaucoup moins noir que chez le mâle, de sorte que sous le rapport des couleurs cette femelle tenait moins du mâle que les deux précédentes, surtout la seconde ; mais elle offrait de plus qu’elles un attribut bien masculin, un ergot à chaque patte.

Nous avons donc déjà dans le seul genre phasianus, qui com-