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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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La chambre a continué cette quinzaine de battre monnaie pour le compte du ministère et d’expédier lestement les millions des contribuables. Dieu sait combien il lui en a passé par les mains tout en parlant économie, et combien il lui en passera encore pendant qu’elle est en train ! Il est juste, cependant, de dire qu’à l’occasion elle sait distinguer entre ceux qui viennent en habits brodés lui demander une part dans ses faveurs, et la veuve qui n’a pour tout droit à ses bonnes grâces que la vie d’un époux glorieusement consumée au service du pays. Ce jour-là, elle s’est embrouillée dans son vote ; croyant dire : oui, elle a dit : non ; et lorsque son président, qui avait l’affaire à cœur, lui a annoncé le résultat de sa délibération, elle est restée honteuse et ébahie, comme un enfant qui vient de faire une sottise. C’est du moins quelque chose que cette pudeur, et la veuve du général Daumesnil doit lui en savoir gré. Qu’avait donc fait M. le ministre des travaux publics, pour qu’on lui refusât aussi ses dix-huit petits millions, lui qui se battait en faveur du redressement de l’axe et du parallélisme du Louvre, avec la même ardeur qu’un guerrier qui combat pro aris et focis ? Parce qu’il avait omis quelques minces données dans son projet, telles que devis rigoureux de la dépense, garantie de la liste civile vis-à-vis de la fortune publique, etc., était-ce une raison pour l’ajourner