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Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 1.djvu/313

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JOURNAL D’UN OFFICIER
DE
LA MARINE ANGLAISE.[1]

C’est une vie d’insouciance, de vicissitudes et d’émotions que celle du marin. Quand la tempête ne gronde pas, quand un vent favorable permet d’abandonner le navire en quelque sorte à son propre instinct, alors on s’étend nonchalamment sur le pont, et, tandis que quelques intrépides dormeurs ronflent comme de vrais cachalots, on chante à tue-tête, en chœur, des chansons dont la poésie n’est pas très régulière peut-être, mais dont on se contente : le marin n’est pas difficile. Est-on fatigué de chanter, la conversation s’engage ; on échange de joyeux propos, de bons et gros quolibets à faire fuir un requin ; ou bien quelque matelot, doyen de sa race, vrai loup de mer, comme disent ses camarades, recommence pour la millième fois peut-être son interminable histoire

  1. Cringle’s Log, le livre de bord, le journal de Tom Cringle. La traduction paraîtra prochainement chez les libraires Charpentier et Dumont.