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Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 1.djvu/679

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HISTOIRE ET PHILOSOPHIE DE L’ART.

excite. Que de révolutions ont passé dans cette ville depuis que Mozart l’a quittée avec douleur et désespoir ; que de grandes renommées ont été détruites, que d’œuvres réputées sublimes ont été repoussées avec dédain ! Mozart presque seul est resté jeune, seul il a conservé toute sa grandeur et sa gloire, parce qu’il a été vrai et qu’il a parlé au cœur de l’homme au lieu de s’adresser à ses sens. Don Juan, représenté en français à l’Opéra, est un évènement comme le serait la représentation d’une tragédie de Racine ou de Corneille perdue depuis un siècle et découverte un beau matin. Nous avons retrouvé Don Juan en Allemagne, et nous l’avons repris comme Molière reprenait son bien. Mozart lui-même, qui nous dédaignait, nous donnerait Don Juan aujourd’hui ; mais il n’a pas fallu moins de trente ans d’efforts et d’études pour nous en rendre dignes.


A. Loève-Veimars.




iv.

DON JUAN.

À L’OPÉRA.


Mozart, qui parlait de lui-même avec franchise et sévérité, a dit souvent qu’il préférait à tous ses ouvrages dramatiques Idomeneo et Don Giovanni ; quelques personnes assurent que Beethowen avait une prédilection marquée pour la Flûte enchantée. Ces deux jugemens, prononcés par deux génies du premier ordre, ont à coup sûr une valeur sérieuse ; mais si l’on ne peut se dispenser de les enregistrer, on n’est pas forcé d’y souscrire. Le consentement unanime des intelligences les plus délicates et les plus fines place Don