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REVUE DES DEUX MONDES.

Puis au retour, après le mariage, l’émigration ; la guerre au siége de Thionville, les veilles nocturnes du camp qui ont servi à peindre celles d’Eudore dans les Martyrs ; la blessure, le retour à Namur par les Ardennes où le poète, qui a ébauché déjà Atala et René, est près de mourir d’épuisement ; Jersey, Londres ; la vie de misère et de noble fierté, l’Essai sur les révolutions, l’histoire divine de Charlotte, et, à la nouvelle de la mort d’une mère pieuse, la pensée conçue, le vœu du Génie du Christianisme.

Quant à la seconde partie des Mémoires, nous aurions beaucoup à en dire, même en n’effleurant rien de toute la relation de Prague, de l’intérieur des princes déchus, ni de l’entrevue avec Mme de Berry. Mais la route, les grands chemins seulement, les rêves du poète-ambassadeur, de Sterne-René, dans la vieille calèche autrefois construite à l’usage du prince de Talleyrand ; mais les paysages de Bohême, les conversations avec la lune où tous les souvenirs reviennent et se jouent, tantôt dans une moquerie légère, tantôt dans une ivresse voluptueuse qui ranime, comme sous des baisers, les plus chers fantômes ; mais Venise et la Zanzé de Pellico, et le Lido où l’enfant des mers salue avec amour ses vagues maternelles ; mais Ferrare, et la destinée du Tasse qu’il marie à la sienne, comme un poème dans un poème ; ce serait là matière à bien des réminiscences aussi, à bien des fuites sinueuses et des étincelles. Ne pouvant à loisir tout embrasser, nous finissons, pour donner idée des grandes perspectives qui s’y ouvrent fréquemment, par une citation sur l’avenir du monde, que la bienveillance de l’auteur nous a permis de détacher. Après avoir piloté assez péniblement le lecteur en vue de nos côtes inégales, nous arrivons avec lui à la haute mer, et nous l’y laissons.


AVENIR DU MONDE.


L’auteur, après avoir examiné la position sociale du moment, les fautes de tous les partis, etc., jette ainsi un regard sur la destinée du monde :

« L’Europe court à la démocratie. La France est-elle autre chose qu’une république entravée d’un directeur ? Les peuples