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VOYAGES AUTOUR DU MONDE.

Macaulay Wilson était élu roi ; qu’il tenait le pays de Boulam dans sa main, et qu’à son doigt était suspendue la balance de la justice.

« On me pria en outre de faire connaître à Son Excellence le gouverneur de Sierra-Leone le choix qui venait d’être fait, et l’espoir qu’on avait que ce choix obtiendrait son approbation.

« Comme on m’avait fait entendre que l’assemblée attendait de moi un discours je me levai, et mon interprète traduisant mes paroles à mesure que je les prononçais, je leur dis que je ne manquerais pas d’informer mon maître son excellence le gouverneur de Sierra-Leone du bon ordre qui avait été observé dans l’assemblée, et de l’unanimité qui avait régné dans les délibérations. Je ne doute point, ajoutai-je, que son excellence n’approuve le choix que vous avez fait aujourd’hui, et d’après ce que j’ai appris de votre nouveau roi, je dois croire qu’il justifiera la confiance que vous avez placée en lui. J’espère qu’ayant montré en cette affaire autant de bon sens et une aussi juste appréciation de vos vrais intérêts, vous n’en porterez pas moins dorénavant dans toutes vos délibérations.

« Je terminai en félicitant les électeurs du bon choix qu’ils avaient fait, et le roi de la distinction qui venait de lui être conférée.

« La nuit du dimanche au lundi se passa comme la précédente en folles réjouissances et en débauches de toutes sortes. Le lendemain, de nombreuses charges de mousqueterie se firent entendre, annonçant, ainsi que diverses autres démonstrations de joie, la cérémonie de l’inauguration du nouveau roi, qui devait se faire ce jour même.

« À dix heures du matin, les chefs et notables s’assemblèrent pour procéder à certaines opérations mystérieuses qui se font dans les profondeurs de la forêt, et auxquelles les seuls initiés sont admis.

« À midi, ces hommes sortirent du bois, ramenant avec eux le nouveau roi, qu’ils présentaient en ce moment comme un inconnu envoyé par la Providence pour les gouverner et venant tout droit du ciel. Ils se dirigèrent vers la ville, et pendant tout le trajet les grands et le peuple dansaient autour du roi, en faisant mille gestes étranges. Je fus alors invité à me rendre à la maison du conseil, où le cortége était déjà arrivé, et peu après l’ex-régent Naïn Banna prononça en langue boulam une longue harangue que deux interprètes répétaient à mesure en anglais et en mandingo.

Après avoir rappelé les usages qui, de temps immémorial, se pratiquent dans le Boulam pour de pareilles occasions, il assura qu’on n’avait omis aucun des rites, aucune des pratiques mystérieuses nécessaires ; il fit ensuite longuement l’éloge du feu roi, et en prit occasion pour offrir ses hommages au nouvel élu et à moi-même comme représentant le gouverneur de Sierra-Leone ; chacun de ces complimens fut terminé par la for-