Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 3.djvu/334

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
330
REVUE DES DEUX MONDES.


LES CYMBALES.


Qui m’a frappée ?
Est-ce une épée ?
Est-ce une fée ?
Est-ce un géant ?
Est-ce le vent ?
Est-ce la brise ?

Moi, je me brise
Avec éclat,
Comme un empire
Qui se déchire
Dans un combat.


LES TROMPETTES.


Je n’irai plus en Italie
Demain sous l’orange fleurie
D’Arcole éveiller le soleil
Dans son manteau fait de vermeil,
Pour mûrir l’épi des batailles
Et le raisin des funérailles.

Je n’irai plus jamais hennir
À Damiette, Alep, Aboukir,
Ni chercher demain pour y boire
Dans le désert un puits de gloire,
Comme une cavale d’aga
Une source près de Jaffa.

Je n’irai plus en Moscovie,
À l’endroit où finit l’Asie,
Au pied des coupoles d’étain,
Chanter mon chant jusqu’au matin
Dans l’incendie et le carnage,
Comme une veilleuse à l’ouvrage.

Sous un saule je resterai
Près d’une tombe en pierre dure ;
Et si le vent passe et murmure,
En tressaillant j’appellerai
Toute la nuit dans sa poussière
Celui qui me mène à la guerre.


LES CLAIRONS.


Et moi, plus vite que l’éclair
Mon chant ailé déchire l’air.
Il a déjà passé la terre,
Laissé sa fumée en arrière,
Passé la mer, les cieux heurté,
Et cent abîmes visité.
Mais en retenant son haleine,
Le monde a dit : « Ce beau clairon,
« De son combat si fanfaron,
« C’est le clairon de Sainte-Hélène.

« C’est Lui ! c’est Lui ! c’est l’Empereur !
« C’est son cheval qui m’a fait peur !
« Il reprend le chemin de France ;
« Par là, le voilà qui s’avance.
« Le plus pâle, ici, voyez-vous ?
« Le plus mal habillé de tous.
« Muet, il ferme sa paupière
« Pour rêver à son plan de guerre.
.............
.............