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REVUE DES DEUX MONDES.

Et vous Murat, sur l’Amérique.
Que ma bataille de géant
Hurle du levant au couchant.
Quand tous les peuples de la terre
Ensemble vous feront la guerre,
N’ayez pas peur, mes lieutenans ;
Ce n’est que le bruit des vivans.

Écoutez bien mon ordonnance,
Mes douze maréchaux de France.
Dans les lieux hauts, dans les lieux bas,
Contre le monde et ses combats,
Vous-mêmes rangez en batailles
Mes soldats morts sans funérailles,
Et dans le fond de mon tombeau
Pressez mon linceul pour drapeau.

Si je m’endors, las de l’attente,
Ou dans ma tombe, ou dans ma tente,
Montrez au monde mon manteau,
Ou rien que mon petit chapeau,
Ou ma cocarde tricolore,
Ou ma capote grise encore ;
Et l’univers reculera,
Et votre gloire doublera. —

Comme un tison quand il pétille,
En l’entendant le sabre brille.
Ses maréchaux ont obéi ;
Devant eux les villes ont fui.
Rien qu’en regardant la crinière
De son pâle cheval de guerre,
Les tours tremblent sous leurs créneaux,
Les rois morts vont cacher leurs os.

Ah ! que ses soldats courent vite !
Ah ! qu’ils vont loin sans s’arrêter !
Ils n’ont que leur ombre à porter,
Et l’éclair se met à leur suite.
Ils n’ont jamais faim, ni sommeil,