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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 août 1834.


L’adresse est votée, et la session qui s’ouvrit il y a quinze jours sans espérance est aujourd’hui finie sans résultat ; car est-ce bien un résultat que ce petit commérage de doctrinaires et de tiers-parti, que cet échange de gros mots suivi de boules blanches et d’adhésion ministérielle ? Il y a des gens qui s’imaginent encore que l’adresse est quelque chose, que ce qui s’est passé dans la chambre et en dehors produira un résultat ; il n’en sera rien. Le ministère restera tel qu’il était ; la session est finie, son travail l’est également ; la chambre des députés va être ajournée pour quatre ou cinq mois ; elle ne sera réunie qu’en décembre. Dès-lors qu’a-t-on besoin de s’occuper le moins du monde d’une adresse qui meurt en naissant ; et d’ailleurs cette adresse est-elle tellement significative que le ministère doive s’en alarmer ? Elle n’est pas même à la hauteur de celle des 221, qui cependant fut lancée sous un régime qui ne reconnaissait pas la souveraineté populaire. Pourquoi, si le tiers-parti voulait repousser le ministère, ne pas le dire hautement, comme dans l’adresse des 221 ? Pourquoi ne pas constater l’incompatibilité du système suivi par les doctrinaires avec les opinions de la chambre ? Quelle est donc cette manière de s’envelopper dans les phrases vagues et de ne jamais aller droit au but ?

Il faut dire ici le dessous des cartes. Toute cette affaire de l’adresse est machinée depuis long-temps ; le roi, qui préside en réalité son cabinet, a pris depuis quelque temps en plus vive affection les doctrines de M. Guizot sur l’esprit de la révolution de juillet. Louis-Philippe n’a jamais considéré son avènement que comme une nécessité en vertu du principe de