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LETTRES
D’UN
VOYAGEUR.


iii.


Venise, juillet 1834


Depuis quelques jours, nous errons sur l’archipel Vénitien, cherchant un peu d’air vital, hors de cette ville de marbre qui est devenue un miroir ardent ; ce mois-ci surtout les nuits sont étouffantes. Ceux qui habitent l’intérieur de la cité dorment tout le jour, les uns sur leurs grands sophas, si bien adaptés à la mollesse du climat, les autres sur le plancher des barques. Le soir ils cherchent le frais sur les balcons, ou prolongent la veillée sous les tentes des cafés, lesquels heureusement ne se ferment jamais. Mais on n’entend plus les rires et les chansons accoutumées. Les rossignols et les gondoliers ont perdu la voix. Des milliers de petits coquillages phosphorescens brillent au pied des murs, et des algues chargées d’étincelles passent dans l’eau noire autour des gondoles